Notre trek commence par la vallee du Langtang...

Raph devait arriver le matin vers 8h. J'ai envoye un taxi le chercher mais son avion a eu du retard et il n'a jamais croise la route du taxi...Heureusement, il a reussi a retrouver l'hotel et malgre la fille de l'accueil qui ne savait pas que j'etais dans l'hotel, on a quand meme reussi a se retrouver au bout de 4h vers 14h (pendant que le taxi etait toujours en train d'attendre pendant plus de 4 h a l 'aeroport...).

Bref, nous avons rencontre le responsable de l'agence recommande par le consul du Nepal et organise notre trek en a peine 2h...Bon, on a pas vraiment bien joue sur ce coup et on s'est un peu fait entube, plus exactement on a ete absolument nuls en nego mais trop presses de partir des le lendemain en trek. Raph etant en vacances, il voulait rentabiliser chaque jour de son sejour, evidemment je peux pas lui jeter la pierre, tout le monde ne prend pas 11 mois de vacances chaque annee !

Nous avons pris l'option guide et porteur, pour des connaisseurs de la region comme nous et une douzaine de kilos chacun a porter pendant 15 jours, mieux valait assurer.

En tout cas, nous voila partis pour 15 jours d'aventures nepalaises a travers le Langtang a la frontiere du Tibet (l'Annapurna et l'Everest, c'est vraiment trop surfait...bon d'accord on a surtout voulu eviter trop de touristes et on etait pas sur d'assurer a plus de 5000 m et surtout on savait qu'on allait trouver des milliers de rhododendrons en fleur au Langtang, et ca, ca vaut le detour !!!). (Desolee Vero, mais nous avons quand meme fait 4 jours vers les Annapurna a la fin, Poon Hill ca devrait te rappeler qqq chose ?!!!)

Plus exactement, nous avons 15 jours de trek dans la vallee tamang du Langtang (6 jours), l'ascension vers les lacs sacres de Gosaikund (5 jours) et la redescente par la campagne sherpa d'Helambu (4 jours) : enfin, c'est ce qui etait prevu...

Le blog est maintenant ecrit a quatre mains (enfin plutot celles de Raph et moi je suivais de loin et j'ai fait quelques retouches disons), donc si vous avez des reclamations sur les futurs ecrits, vous pouvez envoyer un mail de reclamation a Raph (raphou_c@hotmail.com) et si ce sont des compliments (ce qui ne devrait pas manquer vu la patte personnelle de Raph), la vous pouvez les laisser sur mon blog...!

Tout bon trek commence par un lever aux aurores (5h30) pour se faire 9 heures de bus (toujours de marque indienne tata, pas de merco) la tete dans le ventilateur du plafond (bien bas de preference), les genoux dans le siege du voisin de devant, et les epaules coinces entre la barre de soutien et le sac a dos du voisin. Sans oublier la fenetre qui ne ferme pas et permet de profiter pleinement de la poussiere de la route, le bruit des klaxons et la vue sur la piste defoncee et le ravin. Le tout pour parcourir la distance phenomenal de … 140 km …

   

Notons tout de meme que nous avions pris la first class avec siege, sachant qu il existe egalement l option debout, assis dans le couloir, voire meme sur le toit au milieu des paniers et autres sacs pour mieux profiter de la vue .. Une chance pour nous, personne n a ete malade, ce qui a permis d eviter un carnage et de profiter pleinement du voyage.

Cette mise en bouche s'est egalement accompagnee de la decouverte de notre plat culinaire prefere : le fameux daal bhaat. Celui-ci allait constituer notre “pain quotidien” : riz, lentilles et patates, il fallait penser a les associer, merci les maitres queues nepalais !

Passees les joies du bus, le trek peut commencer. Lever quotidien a 6h30, petit-dej a 7h00 et depart entre 7h30 et 8h15 en fonction du nombre de thes noirs et cafes ingurgites par Raphael (sans oublier sa séance de cremage).

La premiere partie du trek nous fait remonter la vallee du Langtang. Nous progressons a travers la foret, le long d un charmant torrent de montagne. Fabi aime particulierement marcher le long des torrents (non pas toi Karine), elle est aux anges malgre de petits problemes digestifs, voire de sommeil, voire de mal de tete, mais pas de mal de dos … (donc un ENORME merci a Elise de m'avoir debloquee le jour du depart entre les stations Chatelet et Charles de Gaulle).

Nous croisons nos premiers porteurs (minimum 40 kgs sur le dos, enfin sur la tete ; avec ses 15 kgs notre porteur fait petit joueur), nos premieres planches en bois sauvages et vivantes (dommage on ne peut pas mettre la video...)

nos premiers sommets au loin,

   

et nos premieres fleurs (Raphael s est decouvert une passion botanique, avec une mention speciale pour les rhododendrons qu ils soient blancs, roses, rouges, .. en fleurs, fanes .. une passion on vous dit).

   

 

1 photo de fleur prenant au minimum 5 mn, vous pouvez imaginer le rythme effrene de notre progression (et le choix o combien cornelien parmi les 1000 photos de LA photo de rhododendron-qui-tue pour le blog, ici parmi les plus beaux cliches de Raph-le-jardinier)

Notre soif de questions face a cette explosion de nature n'est pas vraiment etanchee (excusez le style mais ca fait 3 semaines qu on fait des mots fleches, les soirees sont longues en trek) par notre guide, Ramzi. Il est certes tres bon dans la gestion quotidienne (lodges, commandes des repas, itineraire, et autres tracas du trekker en vadrouille) mais il n est pas tres porte sur le nom des sommets, leur altitude, et encore moins les fleurs. Prim, notre “fidele porteur”, ne prononcant que 2 a 3 mots par jour en simili anglais,dans ses bons jours, ne lui est pas d un grand secours.

Chaque soir (vers 15h) nous atteignons le lodge qui signifie la fin de la journee de trek. Un lodge, c est des chambres, une cuisine, et une salle commune avec un poele. La chambre varie de 2 a 4 m2 et selon le standing nous avons droit a une ampoule (sans forcement l electricite qui va avec), une tablette, des clous pour faire secher le linge, et des matelas proches de la simple planche en bois (en totu cas, c'est toujours mieux qu'une tente!)

La carte proposee par les lodges est pour le moins standard : muesli ou pancake au petit-dej (nous avons rapidement renonce au porridge apres une tentative pour le moins bourative et peu gustative), momo, chowmein, patate, riz, et daal bhaat midi et soir. Apres 2 journees, nous avons compris que le plaisir gustatif ne serait pas forcement au rdv. Mais malgre la consistance des repas, nous avons tout de meme trouve le moyen de perdre quelques kilos, preuve de nos efforts sur les chemins accidentes (les filles, un bon trek qui vous fait des fessiers en beton, et quelques kilos en moins avec une bonne tourista, et vous etes pretes pour la plage cet ete).

La region que nous traversons est celle de l ethnie des Tamangs, et accueille de nombreux tibetains ayant fui apres l annexion du Tibet par la Chine. Les Tamangs ont l habitude de construire leurs villages dans un style tibetain, avec maisons et murets de pierre entourant les champs ou paissent des troupeaux de yacks (domestiques, rares sont devenus les yacks sauvages).

   

Ils sont majoritairement bouddhistes. Les drapeaux aux 5 couleurs, qui sont accroches a chaque pont traverse, col, ou maison ne manquent pas de nous le rappeler .

Dans les salles communes des lodges, il est souvent commun de retrouver un petit autel avec des representations de buddha et une photo du dalai lama, entourees d offrandes et d encens.

Avant le village de Lantang, nous avons l occasion de penetrer dans un monastere bouddhiste. C est une vieille dame qui gentillement (et moyennant une petite donation comme il est coutume de faire lors de la visite d un monastere) nous en ouvre les portes.

   

L'entree est sombre et il n'y a absolument rien dans la piece. Il faut grimper un escalier en bois pour acceder a la salle principale, qui malgre l'obscurite s'avere un endroit ou on se sent bien avec un cote un peu rustique et desuet, ce sera d'ailleurs notre temple prefere. J'y depose une bougie au beurre de yack devant le bouddha en hommage a mon oncle et parrain puis on fait le tour de la salle ou nous pouvons entrapercevoir les casiers colores ou sont ranges les prieres, les representations peintes du bouddha un peu flippantes il faut dire, les tangkas entoures de soie accroches au plafond et un gong pour annoncer les ceremonies.

    

Le chemin est regulierement jalonne de mani, murets de pierres portant des mantras bouddhiques tibetains (que plus personne n est capable de dechiffrer), de monticules funeraires et de moulins a eau.Tout bon bouddhiste se doit de passer ces monuments par la gauche s'il veut se preserver de la malchance.

    

Notre remontee dans la vallee du Langtang aboutit finalement au village de Kongi Gumpa.

Ce village perche a 3 800 m permet de tester notre resistance au mal de l altitude avant d attaquer notre premier 4 600m. Fabi ayant commence a avoir mal a la tete a partir de 3 700m, nous apprehendons un peu le fait de monter plus haut. Mais apres un “pot nepalais” compose de diamox, soupe a l ail, ginger lemon tea (mais pas de biere comme lui suggerait un tcheque), et armee de son bonnet mapuche sur la tete, elle put partir rassuree a la conquete de son 1er sommet nepalais !

Au terme d une rude montee, nous atteignons le Kyanjin Ri point of view (situe a 4 600m et non pas 4 750m, comme notre enthousiasme et le vertige de l altitude ont pu nous le faire croire), d'ou nous admirons les sommets et leurs glaciers marquant la frontiere avec le Tibet, et culminant a 7 246 m pour le plus haut d entre eux, le Langtang Lirung.

   

   

C'est un peu le clou de la vallee en terme de sommets enneiges.

De retour au lodge, Fabi s'empresse de feter cet exploit autour d une assiette de frites bien meritee (“les meilleurs frites de tout le Nepal”, en Fabi dans le texte).

Il est maintenant temps d attaquer la redescente dans la vallee du Lantang, avant de continuer notre periple vers les lacs sacres de Gosaikund. Nous marchons au rythme des cours de francais dispenses par Raphael a notre guide (celui-ci reportant consciencieusement sur son petit carnet les evenements de la journee, son blog quoi),

 

des pauses black tea, de la degustation d un nouveau jus de fruit mi-groseille mi-abricot chaud appele Seabuck thorn (surprenamment bon),

  

et des parties effrenees de jeu de carte nepalais, ramis et autres grilles de mots fleches (en 6 lettres, synonyme de inules ? Aunees … Avec des mots pareils a trouver, autant dire que ca nous a bien occupe …)

Le temps est parfois orageux voire pluvieux mais certains signes nous donnent le sourire comme cette invitation reggae a boire du the au Bob Marley Tea Shop (dernier vestige d'une epoque plus hippie surement).

   

De petites scenes cocasses viennent agrementer notre parcours : des enfants jouant avec une roue en caoutchouc, au billard, ou encore pilotant un avion de ligne en carton ;

    

des femmes chariant des pierres pour que ces messieurs puissent les positionner habilement pour constituer un muret.

   

Fabi : Ah oui, cette scene m'a particulierement marque et j'en profite pour aborder la question de la condition de la femme dans ce pays. Je n'ai jamais vu une culture ou la femme ait une condition aussi difficile. En gros, elle fait tout : la cuisine, le menage, la vente, l'education des enfants, elle cultive les champs, plante le riz et autre mais, elle s'occupe des animaux (yack, chevres), porte egalement des charges tres lourdes, casse les pierres a coup de marteau, s'occupe du lodge...tout je vous dit. A part faire guide et porteur pour les touristes et ne rien faire (c'est fou par contre le nombre d'hommes qui trainent dans les rues a ne rien faire dans la journee), je ne vois pas. Je ne suis pas specialement feministe mais la franchement, j'ai vraiment hallucine. Et je ne parle pas non plus des enfants qui vont a l'ecole pour certains d'entre eux et travaillent l'apres-midi au champs ou autre...

Elles portent toujours leur costume traditionnel (bien qu'emmitouflees dans des fausses doudounes north face et en basket parfois) mais sont souvent belles et souriantes avec leurs traits proches des mongoles (bien differents du sud du pays ou les femmes sont proches des indiennes).

     

Bref, la vie est rude ici en particulier pour les femmes. Et meme les organisations et associations ont bien du mal a faire changer cela, il est vrai que c'est aussi tellement difficile de modifier les comportements sans porter atteinte a cette culture (d'ailleurs il n'est pas possible d'etre volontaire en tant qu'etranger, seules les associations nepalaises essaient d'agir sur le terrain). Pour exemple, financer les etudes des enfants c'est bien mais du coup, ils quittent leur village pour s'installer a Katmandou et ne reviennent jamais...fin de la petite aparte...

Des scenes cocasses donc avec des animaux egalement: des singes a tete blanche posant litteralement pour nous du haut de leur arbre;

des chats (qu est ce que c est mignon les petits chats, hein Fabi) ;

des chiens (qu'est ce que c'est chiant un chien qui aboie toute la nuit, hein Fabi) ; des biquettes (ah les biquettes);

des oiseaux (ah les oiseaux qu on a jamais reussi a prendre en photo).

Nos premiers jours de trek nous ont fait un peu plus decouvrir cette culture tamang et cette vallee embellie par les rhododendrons en fleurs et les sommets enneiges. A bouger tous les jours, accompagnes et sans parler la langue, il nous est difficile de rentrer veritablement en contact avec la population mais l'endroit est magnifique et la culture interessante.

Next : la montee vers Gosaikund et ses lacs sacres...